Aoden était un garçon comme les autres Truniens, né dans une famille paysanne il travailla à la ferme, d'abord pour garder le troupeau puis, en grandissant, commença à aider dans les champs. Il ne se distinguait en rien des autres enfants, son premier compagnon fut bien entendu le chien de berger, ce qui n'étonna personne malgré la taille anormalement grande de l'animal pour être le compagnon d'un enfant, et personne ne prêta d'importance à ses récits disant que son compagnon lui avait raconté telle ou telle chose, sa famille pensait que ce n'était que son imagination ou bien seulement l'enfant qui en rajoutait un peu lorsqu'il parlait de la communication particulière entre un Trunien et son compagnon, et Aoden cessa peu à peu d'en parler, comprenant qu'on ne le croyait pas. Pourtant, tout cela ne tomba pas dans l'oubli car, lorsqu'il parti en quête du compagnon de sa vie, après la mort du vieux chien de la famille alors qu'il était encore un peu jeune pour cela, et revint avec Kior, le gigantesque et non moins magnifique oiseau de proie, on se rappela vite de ses récits et les chefs de son village commencèrent à s'intéresser à lui afin d'en faire, peut-être, lorsqu'il serait adulte, un dresseur de chimère.
Ses parents furent fous de joie. L'honneur d'avoir un dresseur de chimère parmi leur progéniture par ailleurs nombreuse leur fit vite oublier le désagrément de la perte de deux bras robustes pour aider à la ferme. Les Truniennes, qui avant ça le trouvaient déjà plutôt appétissant, redoublèrent d'attention pour lui et il dut repousser quelques avances (aucune ne venait de celle que lui désirait).
C'est à cette époque que sa "maladie" se déclara.

Aoden commença à avoir des pertes de mémoire. Au début, il n'y eut rien de significatif et ses absence étaient de courtes durées, mais cela s'aggrava avec le temps. Il disparaissait pendant des heures alors qu'il aurait du travailler au champ personne ne le trouvait et lui-même l'ignorait. Il reprenait conscience dans des endroits où il ne se souvenait pas être allé et personne ne pouvait lui dire ce qu'il avait fait pendant tout ce temps, mis à part quelques anecdotes dont la nature ne fut pas pour le rassurer. Mais ce qui faisait le plus peur à Aoden, c'était le comportement très distant, parfois hostile, de Kior après chacune de ces manifestations et sa difficulté grandissante pour communiquer avec son compagnon.
Aoden se sentait de plus en plus mal, il ne se sentait plus vraiment lui même, aucun guérisseur ne pouvait lui dire ce qui lui arrivait car il était par ailleurs en excellente santé, et son humeur s'en ressentait.
Naturellement, on oublia le dressage de chimère mais on s'interrogea sur cette mystérieuse maladie, et on s'inquiéta pour la santé des autres habitants. Et si cela était contagieux ? Dans le village on le regardait en coin, avec méfiance.
Finalement, Aoden décida qu'il en avait assez, de cette "maladie", de ces regards et de tout ce qui lui pesait, et décida de partir pour la capitale, espérant trouver quelqu'un qui saurait lui dire ce qu'il avait et surtout le guérir. Comme ce n'a pas été le cas, le jeune Trunien est parti après plusieurs mois avec un groupe de marchand pour le port puis la cité Ertzienne où siégeait le conseil et où vivaient les plus grands esprits, à ce qu'on disait.